Point de vue d’un participant, appel vers l’extérieur
Tout d’abord, une ’petite’ précision : Les indignés de Nîmes ne sont pas qu’indignés, ils sont révulsés, répugnés, écœurés, dégoûtés, et surtout révoltés par le monde qu’on nous impose. Ensuite ils sont déterminés à construire ensemble quelque chose de neuf, une solidarité active, un lieu d’actions tous azimuts contre ce système qui marche sur la tête et fonce fatalement droit dans le mur. Nous avons donc campé sur la place Tahrir de Nîmes (ex Place de la Maison Carrée)en appelant tous les militants locaux à venir nous rejoindre. Une toute petite partie d’entre eux est d’abord venue puis s’est retirée nous laissant seuls sur le pavé. Peut-être n’étions nous pas crédibles, pas assez organisés, pas assez précis sur les objectifs. Mais nous ne voulions pas être des organisateurs, ni des leaders, nous voulions être des détonateurs ! Nous pensions qu’il était plus que temps de fédérer toutes les luttes en une seule, multiforme. Ce besoin est pressant, ressenti par tous (voir les efforts d’organisation du Forum Social Local).Tout le monde le souhaite, tout le monde en parle.Alors ? Nous pensons qu’instaurer, sur la place publique, un lieu de débat permanent, un lieu d’impulsion des actions, un lieu de coordination et d’information sur les luttes de chacun aurait été pour quelques temps possible, utile. Il aurait été visible, public, que les divers mouvement se fédéraient et pas confidentiel et toujours dans les même lieux fermés. Nous ne sommes pas un mouvement, ce n’est pas nous le mouvement, c’est vous, les gens. Ce n’était pas aux initiateurs à organiser les organisations et les présents divers mais à l’assemblée des personnes des organisations et aux inorganisés présents de s’auto organiser.C’était implicite dans l’appel à suivre et soutenir les Espagnols qui ne font pas autre chose dans leurs assemblée. Cela n’a pas été formulé et compris et donc une occasion de fédérer les luttes et de rameuter les forces vives de la contestation a été perdue. Nous manquons d’esprit pratique, nous ne sommes pas des bolcheviks formés dès le berceau à l’agitation propagande, nous sommes des gens, simplement. Le campement n’a pas été inutile cependant car nous avons été rejoint par de nombreuses personnes qui ont leurs propres réseaux et une grande énergie. Ce sont des gens divers qui ont des raisons objectives de s’opposer à cette société qui les broient. En les écoutant parler on peut pas s’empêcher de penser à la chanson de Lennon, "a working class heroe is something to be" et aux paroles : "as soon as you born they make you feel small...". Il faut une grande force morale pour ne pas être broyé et c’est cette force qui s’est assemblée sur la Place Tahrir de Nîmes ! Alors ? Alors nous avons suspendu le campement bien que l’idée nous titille encore pour titiller aussi l’Ordre. Nous connaissons son arrogance, son manque de scrupules, sa violence. A lui de démontrer encore une fois que face aux justes revendication de ’la populace’ il ne connaît que la répression, qu’il a peur qu’elle prenne parole et que se forme une opposition déterminée et coordonnée. Alors nous avons décidé de maintenir les assemblées , et tous les jours à 19 h sur la place publique (le Forum, l’Agora) de former le cercle de paroles, de maintenir et promouvoir la prise de décision par consensus, de faire que la parole ne soit pas unique mais multiforme, aussi diverse que nous le sommes. Nous aurons bien du mal à déterminer des objectifs précis, chiffrés. Nous aurons bien du mal à théoriser, à analyser.C’est une faiblesse, c’est aussi une force aussi, comme dit une camarade : il faut "dépasser la normalité". Alors ? Nous avons besoin de tous, des militants aguerris, de ceux qui sont capable de théoriser et d’avancer vers la construction de quelque chose de ferme et solide. Mais il y a besoin que ces gens ne viennent pas pour faire quelque chose du mouvement mais quelque chose avec le mouvement. Concrètement cela veut dire laisser son étiquette au vestiaire, ne pas chercher à amener les gens sous leur drapeau. Cela veut dire qu’ils soient capables et désireux de construire un consensus avec les autres, tous les autres (sauf, racistes profonds, totalitaristes, arrivistes, pessimistes compulsifs, nombrilistes et autres plaies sociales).En sont-ils capables c’est la question fondamentale si nous voulons vaincre ce putain de capitalisme néo-libéral et stopper la régression générale(C’est un début de commencement acceptable pour l’objectif du mouvement non ?). Alors ? Nous avons besoin des sans partis, qui sont aussi des "sans tout" (patrie, papiers, travail, famille, idéologie, organisation, éducation, avenir, logement).Parce qu’ils viennent d’horizons divers, ils seront capables d’impulser quelque chose de neuf dont nous avons besoin. Avec tout ces ’sans’ il est clair qu’il va manquer quelque chose (ordre, méthode, ténacité, concentration) Il n’y a cependant plusieurs choses qui ne leur manquent pas, le cœur, la rage, l’espoir, la solidarité, la dignité, l’énergie.C’est un miracle si l’on y songe. Alors ? Nous avons besoin de tous !Nous avons besoin de tous les indignés-ecoeurés-révoltés, et il y en a. Nous avons besoin d’aide matérielle, ne serait-ce que pour tirer des tracts,organiser des actions peut-être déjà mille fois faites mais qu’il faut mille fois recommencer. Nous avons besoin de tous ne serait-ce qu’une heure pour dire il y a ci et ça qui sont faisables, nous avons telle et telle ressources, cette expérience là et d’autres. C’est assez simple. Nous avons besoin d’aide conceptuelle, que chacun viennent exposer les raisons qui lui font choisir le combat et la manière de la mener qu’il a adopté, qu’il viennent défendre ses idées et non les imposer. Si nous agissons par consensus chacun s’y reconnaîtras et on seras unanimement pour un consensus qui ne soit pas mou mais offensif. Il est clair qu’il est inutile de chercher le consensus avec Mme Parisot, Le Pen ou autres tenants de l’ultralibéralisme. Nous combattons que diable ! C’est plus compliqué. Vous l’avez compris ce mouvement sera ce qu’en feront les présents et tous les solidaires en actes et en paroles, c’est un mouvement pour tous qui voudrait devenir de tous. Pour l’instant, contrairement au mouvement Espagnol, il se construit précairement, dans l’urgence et l’improvisation. Mais il est une volonté nouvelle et bienvenue après la débâcle de l’automne dernier, pour en découdre ici et maintenant, sans attendre des élections jouées d’avance, presque établies pour que rien n’avance. Nous sommes bien les offensés, c’est donc à nous de choisir le lieu et l’heure non ? Basta ya !