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Réunion AG Nîmes
Lundi
18 h
Nîmes

Réelle Démocratie Maintenant
Nîmes
Rassemblement
le mercredi à 19 h
le samedi à 13 h
place de la maison carré
Nîmes


dimanche 13 février 2011

Ce qui s'est passé samedi 12 février à Nîmes...

Il est à peine 17 h, les gens commencent à venir sur la place d'Assas, lieu du RV: anciens, jeunes, citoyen(ne)s révolté(e)s par ce qui se passe, par la désinvolture, notamment du Sénateur Maire face à l'illégalité de la semaine dernière, et particulièrement remontés par l'annonce de la reprise de l'abattage des arbres dès lundi.

Sur la place, de part et d'autre, des panneaux sont installés, plusieurs fois les mêmes : une photo ancienne de Nîmes où l'on peut voir le tracé du tramway sur le boulevard arboré Victor Hugo, un encart publicitaire qui avait pris une demi page sur le Midi libre représentant un enfant entourant un tronc d'arbre très gros avec ce fameux intitulé "un arbre qui tombe fait plus de bruit qu'une forêt qui pousse", et le texte d'Alphonse Daudet en A3 afin que chacun puisse le découvrir...
Une table avec tréteaux où l'on peut signer les pétitions, où est collé un des articles du règlement du secteur sauvegardé, et sur laquelle il est prévu d'exposer les plans, le règlement complet du secteur sauvegardé et finalement notre démarche sur le plan juridique. Notre intention est multiple : alerter, informer, mobiliser, et échanger. Elle est également ouverte...


Pendant que les gens arrivent, deux magnifiques banderoles s'élaborent, à partir de très très grandes feuilles déroulées. "Pour la préservation du patrimoine arboré de Nîmes" écrites en lettres peintes multicolores par des jeunes. Après qq difficultés d'accrochage (heureusement, certain(e)s ont tout prévu : gros scotch, paires de ciseaux..., d'autres ont la "technique"), nous avons pu en coller une sur un petit mur, la rendant ainsi visible aux passants et aux automobilistes.
Une grande feuille blanche déroulée, des petits gobelets de peinture et des pinceaux sur le sol... Les enfants présents commencent à dessiner une fresque...
Bouquets de branches d'olivier, sapin de Noël en plastique, grands morceaux de tissu blanc, textes drôles, subtils, poèmes, texte sur la photosynthèse ou l'assimilation chlorophyllienne (qu'une dame a recopié de son livre de sciences naturelles qui a bien vécu...), nous sont remis. Le monde afflue, les passants s'approchent, interpelés par cette agitation, ces banderoles en cours...
Sur un banc, de belles feuilles A3, des feutres, à disposition, pour que chacun puisse s'exprimer, peut-être pourrons nous en faire le livre sacré des arbres de la ville de Nîmes!
Il est prévu de lire le texte de Daudet... Les gens échangent, nous sommes nombreux, il fait beau...

« Toi qui chemines, il n'y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant » (« caminante, no hay camino, se hace camino al andar », Antonio Machado, 1875-1939, souvent cité par Edgar Morin).
Voilà que les personnes réunies décident de se faire entendre devant la Maison  Carrée, où est prévue l'inauguration de celle-ci. Et là, quelque chose d'extraordinaire se produit... Ces citoyens indignés se retrouvent dans la foule du samedi qui arpente la place du monument et les rues alentours, et face aux personnes qui entrent dans la Maison Carrée. Une banderole est collée au bas du mur du temple...
La place transformée en forum, en agora est noire de monde...
Toujours avec l'aide de ce fameux instrument qui ne nous quitte plus!, le mégaphone, nous interpelons, nous expliquons et nous crions ensemble avec la foule notre désaccord profond avec ce qui se passe dans le secteur sauvegardé : nous voulons garder nos arbres, les témoins de la cité, notre mémoire. Nous voulons l'application du règlement du secteur sauvegardé. Nous apprenons du même coup dans la foule que la gestion de la Maison Carrée, bien public nîmois, sera gérée par une entreprise privée...

Délivrance du permis d'aménager le 10 février, démarches juridiques en cours, protection physique des arbres, tout y passe afin de transmettre clairement l'info. Appel à la vigilance citoyenne dès lundi, appel à venir nombreux empêcher les abattages malgré l'autorisation, afin de laisser le temps à la justice de statuer. Evidemment nous pouvons aussi perdre. Mais comme l'a dit Allende et le répète mon ami Moussa Konaté de Bobo Dioulasso (Burkina Faso) " Si nous avons lutté, nous pouvons perdre. Si nous ne luttons pas nous sommes déjà perdus".
 (Il s'agit à l'origine d'une citation de  Bertolt Brecht 1898-1956 :"Wer kämpft, kann verlieren. Wer nicht kämpft, hat schon verloren“). 

On apprend qu'en réalité, le Sénateur Maire et ses convives sont à la Médiathèque.  Les citoyens indignés se pressent devant les portes closes, des policiers barrent le passage, laissant du même coup des invités dehors qui se retrouvent à leur corps défendant parmi les soi-disant "reboussiers". L'ambiance est bon enfant, nous interpelons de nouveau, répétons inlassablement... Des personnes autour de nous se manifestent, disent qu'elles seront là lundi, d'autres prennent mon n° de tél afin de m'avertir si des coupes commencent... Chacun(e) lance une idée, une stratégie pour lundi... Rondes à vélo... Dimanche un groupe se retrouve pour rappeler que ces arbres sont des êtres vivants, que nous sommes reliés à eux, que l'humanité finalement fait partie de ce grand ensemble qu'est la nature, la planète. Des coeurs seront dessinés sur chaque arbre du centre ville, demain...

RV est lancé lundi à 6h/7h sur le boulevard Alphonse Daudet, face à la place d'Assas...

Nous retournons sur cette place, la nuit va tomber... La fresque est magnifique... Les passants s'arrêtent pour la contempler.
Nous sortons les documents, plans du secteur sauvegardé et règlement réalisés par les architectes chef des Monuments Historiques, un boulot de fou, de passionné... Et cette fameuse ligne verte tout autour de l'Ecusson, la légende... Arbres qui ont pris la place des anciennes murailles... Nos anciens ont abattu des murs pour laisser la place au Vivant... Alors ne laissons pas tomber nos arbres...

A lundi pour ceux qui peuvent... Et merci pour cette énergie magnifique...

Sophie

Pour les arbres abattus du bd Gambetta et des autres boulevards, cet extrait de Ronsard que l'on nous a remis:

"...
Escoute, Bucheron (arreste un peu le bras)
Ce ne sont pas des bois que tu jettes à bas,
Ne vois-tu pas le sang lequel degoute à force
Des Nymphes qui vivoyent dessous la dure escorce ?
Sacrilege meurdrier, si on prend un voleur

Forest, haute maison des oiseaux bocagers,
Plus le Cerf solitaire et les Chevreuls legers
Ne paistront sous ton ombre, et ta verte criniere
Plus du Soleil d’Esté ne rompra la lumiere.

Plus l’amoureux Pasteur sur un tronq adossé,
Enflant son flageolet à quatre trous persé,
Son mastin à ses pieds, à son flanc la houlette,
Ne dira plus l’ardeur de sa belle Janette :
Tout deviendra muet : Echo sera sans voix :
Tu deviendras campagne, et en lieu de tes bois,
Dont l’ombrage incertain lentement se remue,
Tu sentiras le soc, le coutre et la charrue :
Tu perdras ton silence, et haletans d’effroy
Ny Satyres ny Pans ne viendront plus chez toy.

...

Maintenant le desdain des passans alterez,
Qui bruslez en Esté des rayons etherez,
Sans plus trouver le frais de tes douces verdures,
Accusent vos meurtriers, et leur disent injures.

..."

 Contre les bucherons de la forest de Gastine
, recueil les Elégies,  Pierre Ronsard (1524-1585)

Dans son intégralité:
http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/contre-les-bucherons-de-la-forest-de-gastine
version ancien français :
http://www.devoir-de-francais.com/commentaire-pierre-ronsard-recueil-elegies-contre-bucherons-forest-gastine-17243-5559.html

 



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